mercredi, février 07, 2007

La Statue et le Sanctuaire de N.-D. d'Écrouves (Meurthe-et-Moselle)

Suivant un ancien registre paroissial de 1747, l'église d'Écrouves, sous l'invocation de Notre-Dame, est très ancienne. L'image de N.-D. d'Écrouves placée auf fond de l'abside, était regardée longtemps avant saint Gérard (963-994), comme une image miraculeuse, ce dernier y avait une singulière dévotion pour les grands miracles qu'elle y faisait alors. Quand la peste désola le Toulois, il décida "qu'en présence des peuples rassamblés encore une fois de partout, on porterait le corps du bienheureux saint Mansuy à l'église d'Écrouves, si souvent illustrée par les miracles qu'y accomplit la bienheureuse Mère de Dieu". (Adson).
En reconnaissance on rebâtit l'église dans sa forme actuelle. Elle date au plus tard de la fin du XIIe siècle. Cette église fortifiée est classée comme monument historique depuis décembre 1883. A la Révolution la statue de N.-D. d'Écrouves (statue en pierre, haute d'un mètre) est sauvée par un paroissien, M. Missenaire, qui, au péril de sa vie, la transporte et la cache chez lui.
En 1899, le 7 juin, pendant la guerre de Crimée, le Général Vergé, de Toul, attribue sa protection à N.-D. d'Écrouves et le 21 suivant, au camp de Tracktir, lui compose un sonnet de reconnaissance renfermé dans un coeur doré suspendu par un collier de perles au cou de la statue. Le jour de sa fête, 8 septembre, le dimanche qui suit et au cours de l'année pélerins et visiteurs viennent, comme les paroissiens, prier N.-D. d'Écrouves et visiter son magnifique sanctuaire. Le Pape Benoît XIII, l'an 1726, accorda une indulgence plénière à tous ceux qui visiteraient l'église d'Écrouves le jour de la Nativité.

Archives paroissiales. - A. M. 1934 - Permis d'imprimer: Nancy, le 28 novembre 1934, C. Barbier, v.c.

dimanche, février 04, 2007

L'Église est militante et par conséquent dans une lutte continuelle

«Nous devons adorer les dispositions de la divine Providence qui, après avoir établi son Église ici-bas, permet qu’elle rencontre sur son chemin des obstacles de tout genre et des résistances formidables. La raison en est, d’ailleurs évidente: l’Église est militante et par conséquent dans une lutte continuelle. Cette lutte fait du monde un vrai champ de bataille et de tout chrétien un soldat valeureux qui combat sous l’étendard de la croix. Cette lutte a commencé avec la vie de notre Très Saint Rédempteur et elle ne finira qu’avec la fin même des temps. Ainsi, il faut tous les jours, comme les preux de Juda au retour de la captivité, d’une main repousser l’ennemi, et de l’autre élever les murs du Temple saint, c’est-à-dire travailler à se sanctifier.

Nous sommes confirmés dans cette vérité par la vie même des héros auxquels sont consacrés les décrets qui viennent d’être publiés. Ces héros sont arrivés à la gloire, non seulement à travers de noirs nuages et des bourrasques passagères, mais à travers des contradictions continuelles et de dures épreuves qui sont allées jusqu’à exiger d’eux pour la foi le sang et la vie.»


Du discours de S. S. PIE X prononcé le 13 décembre 1908 après la lecture des décrets de béatification des Vénérables Jeanne d’Arc, Jean Eudes, François de Capillas, Théophane Vénard et ses compagnons.

Jeanne Vergne et sa mission prophétique et réparatrice pour la France et l'Eglise

Jeanne Vergne est une âme mystique, trop peu connue malheureusement, porteuse par la grâce de Dieu de remarquables lumières sur notre temps et pour l'Eglise dans sa vie présente. Elle mourut voici 50 ans (ce text fut écrit il y a 30 ans! N.d.l.R.), et après ces années d'oubli, ce cinquantenaire nous donne, providentiellement, l'occasion de la désigner à l'attention des âmes soucieuses d'un approfondissement de leur vie intérieure et de cet esprit ecclésial si nécessaire aujourd'hui.
Fille de menuisier, Jeanne naquit à Argentat, le 3 décembre 1853; la famille, bien que modeste et pauvre, était très chrétienne; Jeanne y reçut une excellente éducation et un sens aigu du sacré, de la grandeur de Dieu.
Sa mère étant tombée malade en 1864, la fillette de dix ans dut quitter l'école et se placer comme ouvrière, pour contribuer aux soins de la maisonnée. Elle fit sa communion, dans de grands sentiments de piété, en juillet 1864.
Jeanne Vergne perdit sa mère le 15 août 1865, ce qui lui fut une rude épreuve. A peine quelques jours après ce deuil, elle se sentit éveillée en pleine nuit et vit tout à côté de son lit l'âme de sa mère qui demanda pour son repos une messe promise mais que la famille avait oublié de faire célébrer. Puis la vision s'effaça sans rien ajouter. Jeanne avait été impressionnée et fit en sorte, sans rien révéler de sa vision, que la messe promise fût dite rapidement. Cette apparition à l'enfant de 12 ans est la seule grâce un peu extraordinaire que l'on rencontre dans cette première partie de sa vie, mais elle indique déjà pour une part la vocation future que le Seigneur réservait à Jeanne.
Le père se remaria et s'établit un peu plus tard à Lyon; les enfants du premier lit moururent tous, sauf Jeanne et son frère Auguste, qu'elle chérissait particulièrement et qu'elle conseilla toujours avec sagesse.
Après quelques années laborieuses, Jeanne, dont la piété simple s'approfondit à l'école de la vie et dans la fréquentation à peu près régulière des sacrements, quitta sa famille et se rendit à Nancy, puis à Lille: nous ne connaissons rien de ces années, sauf le résumé que Jenanne en fit: "tiédeur dans la religion, ennui dans l'existence." Mais, grâce à certaines confidences qu'elle fit au prêtre qui la dirigea plus tard, nous savons qu'elle était très dévouée et s'occupait des pauvres et des malheureux.
A Lille, Jeanne - qui était demoiselle de magasin - fut courtisée par un fils de bonne famille qui désira vivement épouser cette jeune fille saine, sensée et active. A ces projets, la famille du jeune homme n'eut de cesse que les deux adolescents rompissent définitivement: finalement, le mariage n'eut pas lieu et Jeanne quitta Lille pour oublier; elle s'établit à Paris, 45 passage du Caire.
Ce chagrin d'amour la mûrit, il lui sembla que sa vocation n'était pas le mariage mais une forme de vie consacrée dont elle ignorait les formes. Sa piété s'accrut, avec un attrait tout particulier pour la dévotion aux Coeurs de Jésus et Marie; les premiers temps à Paris furent douloureux, mais Jeanne réagit avec fermeté; elle se consacra plus nettement à la prière et aux oeuvres de charité, malgré de violente tentations de découragement. Les relations qu'elle conserva avec son soupirant malgré l'échec de leur projet de mariage évoluèrent rapidement en amitié spirituelle très pure et profonde. Le jeune homme refusa de se marier. Il mourut peu après très pieusement.
Ce second deuil fut suivi, pour la jeune femme, d'une vision de l'âme de son ami qui réclamait des prières... Et alors, ce fut une succession d'apparitions d'âmes du Purgatoire (parents et amis) qui venaient demander à Jeanne le secours de sa prière et le don de ses souffrances pour leur soulagement et leur délivrance. C'est par cette intimité avec les saintes âmes du Purgatoire que Jeanne Vergne, la modeste ouvrière de Paris, entra dans cette voie mystique qui fut désormais la sienne. En même temps, son Ange Gardien commença aussi à se manifester à elle, l'instruisant, l'inspirant et tournant son coeur vers la France et l'Eglise: ce furent ses deux grandes lignes, ses deux grandes intentions de prière, et son extraordinaire mission prophétique et réparatrice.
Jeanne se sentait poussée à écrire, sous forme de poésies simples mais belles, ce que son âme recevait pour la France et l'Eglise. Le lundi saint 4 avril 1896, elle rencontra l'abbé de Bessonies, chapelain d'une église qu'elle fréquentait avec prédilection et régularité: Notre-Dame des Victoires. Il devint son directeur spirituel et travailla, à partir de 1897, à la publication des pages de vers écrites par sa pénitente, les faisant paraître dans 'Le Pèlerin' sous le voile nécessaire de l'anonymat. Ces publications ont suscité un grand courant d'espérance dans le petit peuple et une sorte de chaîne d'adoration et de prière mariale.
Jeanne Vergne menait sa vie humble et laborieuse d'ouvrière, et consacrait tous ses instants libres à la prière et au devoir de la charité envers les pauvres et les malheureux. Se trouvant à Notre-Dame de Paris à la fin de janvier 1896, elle entendit Jésus, parlant en son âme, lui dire:

- "O mon enfant, crois et Je te pardonne; Je t'inviterai à ce festin sacré quand sera venu le moment... sois sans crainte, souviens-toi que Je t'ai pardonné... Dis à ta patrie qu'elle revienne à Moi; et dans un temps, la France sera relevée glorieuse."

Dans la nuit de Noël suivante, elle entendit la Vierge lui dire:

- "Ta mère, en mourant, t'avait mise sous ma protection, mais toi, tu m'as longtemps! bien longtemps! oubliée... Quand tu étais une pauvre petite fille malhereuse, as-tu eu recours à moi comme tu aurais dû faire alors? Et pourtant, je t'ai protégée, en bien des circonstances, souviens-toi!"

Dès lors, les lumières et instructions célestes se multiplièrent; Jeanne crut entendre un jour la Vierge Marie lui demander d'être une victime pour la France; Jeanne fut un peu étonnée, mais acquiesça volontiers, et dès lors (1897) elle souffrit cruellement des maladies douloureuses que sont la néphrite et l'arthrite cardiaque.
Les grâces se multipliaient. Jeanne en a peu parlé, sinon à son directeur mais il mourut bien avant elle: nous savons qu'elles furent abondantes et diverses: prophéties de la guerre de 1914-18, visions du Sacré-Coeur, annonce de la restauration future de l'Eglise meurtrie et de la France pécheresse.
Le 24 avril 1898, elle vit à Notre-Dame des Victoires le Christ en majesté, vêtu de lumière et dominant comme un balcon où des émeutiers agitaient un drapeau rouge et écartaient violemment une grande croix. Cela dura quelque temps, sous un ciel gris et morne, et le ciel s'ouvrit finalement, découvrant Jésus qui écartait les fauteurs de trouble et leurs partisans, et fixait la croix très haut, dans le ciel azuré de la France; de nombreuses petites âmes venaient en pleurant de joie vers la croix restaurée, toute lumineuse.
Il semble que cette vision annonce, d'après les détails qu'elle fournit, un grand événement qui appartient encore à l'avenir de l'histoire de France.

Jeanne Vergne menait une vie simple et fervente, balisée par la souffrance et les pénitences: migraines effroyables et grandes maladies se succédaient sans répit; Jeanne se fit un devoir de jeûner perpétuellement et de pratiquer volontairement de rudes austérités. Elle faisait contrôler très régulièrement les grâces qu'elle recevait, et observait un très strict silence sur cela, sauf avec son père - l'abbé de Bessonies - et quelques amies. Elle n'avait pas d'extases, mais un état d'oraison voisin: quand elle priait, surtout en faveur des âmes du Purgatoire, elle devenait blanche et transparente comme l'albâtre.
Elle résumait ainsi la mission que, dès 1897, le Seigneur lui avait confiée:

- "maintenir une douce lueur d'espérance sur le seuil de l'avenir."

Très vertueuse, elle pratiquait, de façon héroïque, la modestie, la prudence, une immense charité qui la faisait s'oublier pour les autres. Elle passait inaperçue, car telle était la volonté de Dieu: l'enfouissement au creux silencieux de son divin Coeur. Jeanne a connue dans le plus grand silence des épreuves particulièrement douloureuses: trahison des amis les plus chers, calomnies, dédain etc.... Elle n'y a répondu que par la charité, par la prière et un immense pardon toujours offert!

En 1902, Jeanne Vergne reçut de la Vierge l'assurance qu'elle obtiendrait, en se rendant à Lourdes, sa guérison instantanée et totale; sur l'ordre de son confesseur, qui la dirigeait avec une rare prudence, elle fit le pélérinage de 1903 et y fut guérie aussitôt! Elle avait souffert 6 ans volontairement, par amour pour le Seigneur, pour la France et la Sainte Eglise. Sa vie devait désormais rendre un témoignage autrement apostolique.
L'Abbé de Bessonies fit publier les écrits de sa pénitente, sous le titre, combien évocateur! d' "Une Voix". L'ouvrage qui parut sous le couvert de l'anonymat, eut un seccès à peine concevable et un retentissement profond, réel, dans le clergé et dans le peuple croyant tant à l'étranger qu'en France.
Guérie par la Vierge, Jeanne multiplia austérités et pénitences volontaires, pour les âmes du Purgatoire et pour mitiger quelque peu la Colère de Dieu qu'elle voyait s'abattre sur la France pécheresse; elle recevait nombre d'annonces prophétiques sur la guerre à venir, sur les futures tribulations de l'Eglise et de la France. Sainte Jeanne d'Arc et même Thérèse de l'Enfant-Jésus (qui n'était pas encore canonisée), se manifestaient à elle, lui livrant les lourds secrets de l'avenir; Jésus et Marie ne cessaient de lui parler, en des locutions à ce point fréquentes qu'elles devinrent bientôt quotidiennes, après chaque communion.

En 1909, elle perdit son frère et le vit au Purgatoire; ayant prié pour sa prompte délivrance, elle le vit bientôt s'envoler vers le ciel. En 1910, elle effectua un second bref pélérinage à Lourdes, où elle eut une locution du curé Peyramale (le curé de Ste Bernadette). Puis en 1911, elle dut se rendre à Rome, où le pape saint Pie X la reçut en audience privée: c'était le 6 juillet. Le Saint-Père encouragea cette femme extraordionaire dans sa mission, il se fit envoyer un exemplaire d' "Une Voix", et adressa sa bénédiction apostolique à Jeanne, à la suite probablement de la lecture des texte inspirés qu'elle lui avait fait parvenir. Tous les prélats les plus pieux de cette époque ont voulu voir Jeanne Vergne et s'entretenir avec elle, notamment Mgr Coullié, Cardinal Archevêque de Lyon, en 1912, et d'autres encore.
L'abbé de Bessonies mourut en 1913, et Jeanne offrit sa prière et ses souffrances pour le repos de son âme; il vint la remercier du ciel le 1° août 1915. Pendant la guerre de 1914-18, de nombreuses âmes de soldats tombés au front vinrent demander à Jeanne le secours de sa prière; elle passa des nuits d'insomnie pour elles, et celles-ci lui annoncèrent à la veille de l'année 1918 que cette année serait celle de la victoire de la France, de la paix.
Après le conflit, Jeanne se rendit, dès que cela lui fut possible, à Lisieux pour y remercier Thérèse de l'Enfant-Jésus; ce fut le 3 mai 1923, quelques jours après la béatification de la petite carmélite, qui, en 1925 se montra à elle pour lui annoncer un mieux, pour lui parler de sa mission. En effet, après la guerre, Jeanne avait été prise de maladies mystérieuses et douloureuses, et le démon eut aussi son heure: il la rouait de coups et la molestait, lui infligeant de profondes plaies à la gorge et à la pointrine. En 1926, ce fut la paralysie qui l'immobilisa dans d'atroces, lancinantes souffrances; Jésus l'appelait sur la croix, à "souffrir par amour, par devoir, par reconnaissance." De grandes grâces sur le Sacré-Coeur et le Coeur de Marie consolaient, fortifiaient la pauvre malade: visions de ce mystère des deux Coeur unis, appels de Jésus portant une croix énorme et demandant aide et fidélité pour quelque temps etc. ...
Finalement, après avoir encore reçu des appels des âmes de Th. Gautier et Renan à la fin de l'année 1926, Jeanne Vergne succomba à la maladie et à l'épuisement le mardi 25 janvier 1927; elle était âgée de 74 ans! Dès sa mort, le corps redevint frais et beau, et, pendant trois jours, il resta incorompu...

Christian Rouvières
Centre BETHANIA - Chaussée de Waterloo 25, B-5000 Namur, "Rosa Mystica", Juillet et Août 1977

vendredi, février 02, 2007

La Vierge Marie dans l'Histoire de France - Chapitre VIII

Saint-Louis Sourire de Marie à la France et au Monde

On l'a dit avec raison, le coeur d'une mère - s'il répond à la mission que Dieu lui confie - reçoit toutes les grâces et toutes les délicatesses pour déposer dans l'âme de ses enfants les vertus susceptibles d'en faire des saints.
Blanche de Castille fut vraiment la digne mère d'un fils tel que Saint Louis; et sans les admirables qualités d'énergie, de coeur et d'intelligence de la Reine Régente, éclairées par une foi profonde et une confiance admirable en Marie - le modèle de toutes les Mères - le monde n'eut peut-être jamais connu ni admiré le type idéal du Roi et du Gouvernement Chrétiens.
Blanche de Castille, qui avait appris par Saint Dominique, les admirables effets de la dévotion au Rosaire, - notamment la victoire de Simon de Montfort sur les hérétiques albigeois -, s'empressa de s'associer à la Confrérie naissante établie par le fondateur des Frères Prêcheurs, et, voulant donner à la France un Monarque digne du plus beau royaume après celui du Ciel, confia son désir à Marie, récita et fit réciter aux personnes pieuses de son entourage, le Rosaire et ainsi "obtint un Fils qui mit la sainteté sur le Trône, qui fut à la fois un grand saint et un héros incomparable, qui consacra sa couronne par toutes les vertus chrétiennes et illustra son règne par les plus beaux exploits". (1).
Régente très jeune, alors que son Fils n'avait que douze ans, Blanche de Castille fut immédiatement en butte aux attaques des grands seigneurs. Elle comprit alors que le secours de Celle qui lui avait accordé ce Fils était nécessaire et que, d'autre part, pour rendre efficace cette protection et lui permettre de se manifester avec plus d'éclat, il fallait que ce Fils bien-aimé reçut l'Onction Sainte du Sacre. Louis VIII étant mort le 8 Novembre 1226, dès le 29 Novembre suivant le jeune prince est sacré à Reims. Dès lors - sous peine de sacrilège - ses ennemis ne pouvaient plus s'attaquer à l'Enfant Roi, mais seulement à la Reine Régente. Blanche avait vu juste, la rapidité avec laquelle le Sacre eut lieu, jeta le désarroi chez les barons qui, pour agir devaient se concerter; ils en eurent pas le temps avant le Sacre. Après, - ils ne tardèrent pas à le constater - il était trop tard, la seule présence du jeune Roi - Oint du Seigneur - au milieu de son armée fut suffisante, à plusieurs reprises, pour empêcher l'attque des grands feudataires de la Couronne (2). Bien plus, peu à peu, ceux - tel le Comte de Champagne - qui avaient défendu les droits du Roi furent soutenus par Lui dans leurs propres domaines et ces domaines furent agrandis, tandis que furent vaincus et humiliés les autres qui perdirent une partie de leurs biens.
Pendant que la Reine défendait les droit de son Fils, elle avait recours à la Vierge. Elle fonda l'abbaye de N.-D. des Hiverneaux en son honneur et emmena souvent son fils aux pieds de Notre-Dame de Longpont "alors que Thibaut de Champagne, pour le soustraire au complot des seigneurs, révoltés contre la Régence de Blanche de Castille, vint abriter derrière les murs épais du château de Montlhéry la minorité du jeune prince". (3). La Reine n'avait pas seulement inculqué à Louis IX le culte de Marie, elle lui avait choisi - pour sa formation religieuse et intellectuelle - les meilleurs théologiens et les plus hautes sommités dans tous les domaines de l'enseignement que le jeune Roi devait recevoir afin que son âme et sa piété, ainsi que toutes ses facultés et toutes ses connaissances prissent leur source dans une foi profonde, éclairée par une solide théologie. Dans son oeuvre d'éducation, la Régente trouva l'appui le plus actif et le plus efficace dans le Successeur de Pierre. Le Souverain Pontife maintint, pendant toute la jeunesse du Roi, un Légat choisi parmi les plus grands du Sacré Collège, le cardinal de Saint Ange.
Le Fils se montra digne d'une telle Mère, et l'élève de tels maîtres.
Saint Louis, baptisé à N.-D. de Poissy, aimait tellement cette église où il était devenu enfant de Dieu qu'il signait souvent Louis de Poissy. C'est donc sous la protection et sous l'oeil de Marie non seulement qu'il vint au monde - puisqu'il Lui doit d'être né - mais aussi sa naissance à la grâce et à la vie chrétienne. Aussi se montra-t-il toute sa vie dévoué à la Sainte Vierge. "Il soutint par ses largesses beaucoup de fondations en l'honneur de Marie, et un grand nombre de communautés vouées à son culte... Chaque samedi, jour qui est consacré à la Mère de Dieu, il rassemblait les pauvres dans son palais, leur lavait les pieds qu'il baisait avec respect, après les avoir essuyés de ses mains royales; les servait lui-même à table et leur distribuait une riche aumône." (4). Chaque jour le Roi récitait l'office de la Sainte Vierge.
Il est une fondation qui dès son enfance, tint plus particulièrement au coeur de Saint Louis: l'Abbaye de Notre-Dame de Royaumont, construite en exécution du désir testamentaire de son Père. Non seulement il en fut le fondateur, mais encore il voulut personnellement, manuellement, à la sueur de son front, "participer" à la construction de l'abbaye. Du manoir d'Asnières (sur Oise), nous dit le Confesseur de la Reine Marguerite, il venait ouïr la messe à Royaumont, puis servait les maçons, portant la civière chargée de pierres, avec un moine; il faisait travailler de même ses frères Robert, Alphonse et Charles, ainsi que les chevaliers de sa compagnie. Et un jour que durant le travail, ses frères voulaitent causer, s'ébattre et reposer un peu, il leur dit que, celà étant interdit aux moines, ils devaient s'en abstenir." Le Roi y fit de fréquents séjours; vivant de la vie des moines et assistant aux offices de nuit et de jour".
Il assistait volontiers au chapitre quotidien, mais se considérant indigne d'être traité en religieux, il s'asseyait sur de la paille, au pied d'un pilier, alors que les moines occupaient les hauts sièges. Il prenait ordinairement ses repas au réfectoire; quand il n'y mangeait pas, il se joignait aux moines servants pour faire leur office.... Il visitait souvent les malades à l'infirmerie. Dans une cellule à l'écart, languissait un moine lépreux. Le Roi tout seul, ou bien avec un dignitaire de l'abbaye allait le voir et l'entretenir. Un dimanche, accompagné de l'Abbé, il voulut faire manger le malheureux, à qui ses mains rongées et mulitées refusaient leur usage. Il lui coupa ses viandes, commandées excellente à la cuisine, et il les lui mettait dans la bouche par morceaux, avec grande précaution, ayant soin d'essuyer le sel qui aurait pu brûler ses lèvres à vif; et il se tenait à genoux devant le malade pour honorer le membre souffrant de Christ, ce que du faire aussi l'Abbé par déférence pour le Roi". (5).
Dans son "Histoire de Royaumont", l'Abbé Duclos fait un tableau attachant du parallélisme entre la croissance du jeune Roi et celle de l'Abbaye. Alors que le Roi grandissait en âge et en sainteté, les bâtiments de l'abbaye s'élevaient de plus en plus importants et magnifiques et "le développement temporel et territorial de Royaumont" se pousuivait parallèlement.
Créée par Louis IX, il fut donné à l'abbaye de Royaumont de recréer sans cesse l'âme de son fondateur. Le jeune Prince et l'abbaye avaient grandi ensemble; comme leur adolescence s'était mêlée, leur maturité respective s'entraida.
"Un grand désir d'améliorer la France sous le rapport matériel et moral, le ferme dessein d'imprimer à son gouvernement un caractère d'équité, de respect des droits, d'amour de la justice et du bien public, le besoin d'illustrer la nation, de la moraliser et de réaliser un idéal de royauté qui fut le triomphe des principes d'intérêt public, voilà le but que Saint Louis se traça lui-même, et vers lequel il marcha avec une volonté imperturbable et sage, avec une rigidité de conscience que rien ne put altérer". (6).
La campagne de 1242 par laquelle Saint Louis mit à la raison l'Angleterre et les grands féodaux, grâce aux victoire éclatantes de Taillebourg et de Saintes, révéla en lui un homme de guerre chez qui le courage personnel doublait la sûreté du coup d'oeil du stratège. Le peuple de Paris - bien que le Roi ait prescrit d'éviter toutes dépenses inutiles - le reçut en triomphateur. Après avoir laissé son peuple lui manifester son ardent amour, il se dérobe, pour ainsi dire aux ovations et loin de s'enorgueillir, il accourt à Royaumont et c'est dans le silence du cloître qu'il vient se reposer de ses victoires, déposer ses lauriers et par la prière remercier Dieu de son triomphe.
"Il est à la fois guerrier et moine et l'on se demande si ce n'est pas Royaumont qui s'imprima dans cette belle âme pour en faire jaillir ce que le monde a vu. Il y eut dans cette nature, tout à la fois la fierté du monarque et l'humilité du cénobite, le courage martial du solat et la douce tendresse de la femme; il y avait de la gaîté et de l'austérité."(7)
Dans sa prédilection pour Royaumont, Saint Louis n'oubliait pas cependant les autres sanctuaires de Marie. Il aimait à venir prier à N.-D. de Mantes en compagnie de sa Mère et de la jeune Reine (8), ainsi qu'à N.-D. de Montmelian. A Senlis il construisit une église en l'honneur de Marie et prescrivit que chaque jour une messe y serait célébrée pour le Roi à l'autel de la Vierge. En 1244 il vint, accompagné de sa Cour et du futur roi de Portugal, à Rocamadour et s'arrêta, au retour, à N.-D. de Livron, près de Caylus. La même année, il fonda, de concert avec sa Mère, l'Abbaye Royale de N.-D. du Lys à Dammarie (9); fit de larges libéralités au prieuré de Fontaine les Noues près de Meaux, ainsi qu'à la collégiale royale de N.-S. de Melun dont tous nos rois portaient le titre d'abbé.
A Paris, le Roi venait souvent prier Marie dans la basilique métropolitaine, et quand il eut construit la Sainte Chapelle, attenante à son palais, pour y recevoir les précieuses reliques de la Passion du Sauveur, sa piété ne séparant pas la Mère du Fils, il tint à ce que la crypte de la chapelle fut dédiée à la Vierge. La dédicace eut lieu en 1248. Le peuple de Paris s'unissait au Roi dans un même culte pour Marie; à cette époque, en effet, dans l'Ile Notre-Dame où s'élevait la merveilleuse basilique, la Mère de Dieu y était spécialement honorée dans l'église Saint Denis de la Châtre sous le vocable de N.-D. des Voûtes; dans celle de Sainte Croix où était le siège de la confrérie des cinq plaies de N.D. et deux églises lui étaient encore dédiées: N.-D. de l'Etoile (à l'emplacement de la Sainte Chapelle) et N.-D. de l'Ile, sans compter les innombrables corporations placées sous le patronage de la Reine du Ciel.
Le Roi aimait à venir à Pontoise, au sanctuaire dédié à Marie et, comme les pèlerins trouvaient la chapelle trop exiguë, il fit de tels dons qu'on put bientôt élever une magnifique église sur le portail de laquelle on plaça la statue miraculeurse, apportée là par saint Guillaume, chapelain de Philippe-Auguste, sans qu'on en connut l'origine. Il était une autre fondation à laquelle Saint Louis s'attacha beaucoup également: Notre-Dame de Maubuisson, tout près de Pontoise. Cette abbaye avait été fondée par Blanche de Castille qui habitait la région de Pontoise. Les travaux commencés en Mai 1236, la basilique abbatiale put être consacrée le 26 juin 1244 par Guillaume d'Auvergne, Evêque de Paris, en présence de Louis IX et des deux Reines, sous le vocable choisi par Blanche de Castille "Notre-Dame la Royale". Le Roi et le Pape accordèrent à l'abbaye de très importants privilèges auxquels vinrent s'ajouter les magnifiques revenus octroyés par la Reine Mère."
La prédilection de la Reine Blanche pour Maubuisson y attirait souvent le bon Roi Saint Louis. Au mois d'août 1244, peu de temps après la dédicace de l'abbaye, Louis se trouvait à N.-D. la Royale, lorsqu'il fut pris tout à coup d'une très cruelle maladie.

"Très venimeuse et très amère
que l'on appelle dissentère
es livres des physiciens. (10).

"Cette dyssentrie le plongea dans un abattement tel que pendant plusieurs heures, il resta privé de sentiment. Après avoir tenté d'inutiles efforts pour le ranimer, les médecins "s'empartirent" déclarant qu'il était mort; alors tous les huis furent ouverts "et y allaient tous ceux de l'hostel à qui il plaisait, et furent mandés prélats pour faire la commendasse de l'âme" (11). Chacun venait en pleurant prier près du lit funèbre.

"Le peuple entour lui amassé
l'ot une heure pour trespassé.

"seule une des dames qui le gardait espérait encore, ne voulant pas consentir à ce qu'on lui rejetât le drap sur le visage comme aux défunts. (12). En cet état on entendit tout à coup un faibel gémissement s'échapper de la poitrine du Roi. La foule poussa de grand cris; les "physisciens" accoururent; ils entrouvrirent, à grand peine, les lèvres du moribond, et lui firent avaler quelques gouttes de "caudiel". (13).
"Peu à peu, le Roi reprit ses sens; mais à peine eut-il recouvré connaissance, qu'il demanda l'évêque de Paris et le requit de lui donner la croix d'outre mer. L'évêque, au comble de la surprise, hésitait, mais les instances du Roi furent telles, qu'il ne put y résister. Le royal malade expliqua depuis que, pendant sa léthargie, il avait reçu dans une vision l'ordre d'aller en terre sainte relever l'étendard Chrétien abattu par les Musulmans.
"En apprenant cette résurrection, les deux Reines passèrent d'une extrême douleur à une extrême joie; mais quand elle vit son fils croisé, Blanche "fut aussi transie que si elle "l'eut vu mort". (14).
"Saint Louis employa trois ans à préparer l'accomplissement de son projet. Dans ce laps de temps, il fit à Mauduisson des séjours assez prolongés... Ce fut seulement le 25 août 1248 qu'il put s'embarquer à Aigues-Mortes" (15), sous l'oeil protecteur de la Vierge aux Saintes Marie de la Mer; mais avant son départ, le Roi avait tenu à venir s'agenouiller à N.-D. de Pontoise devant l'image miraculeuse pour lui consacrer le sort de la France, de son armée et de sa personne. (16).
Au cours de la croisade, même aux moments les plus douloureux et au milieu des pires dangers, le calme du Roi ne l'abandonna jamais, ni la sereine possession de lui-même."Ce qui est admirable, observe l'abbé Duclos (17), c'est qu'à côté de l'Arabe frémissant de rage, Louis s'occupait de la France, de grandes mesures administratives et financières à y introduire" et même de sa chère abbaye de Royaumont, la charte de Septembre 1249, donnée au camp de Damiette en est la preuve (18). La croisade fut un désastre; l'armée et la flotte furent en grande partie détruites, le Roi fait prisonnier.... Durant sa captivité, il se montra si grand qu'il en imposa à ses vainqueurs eux-mêmes.
Rentré en France, "dès que Louis IX pouvait se dérober aux affaires et aux réceptions, il s'échappait de sa capitale pour voler vers sa fondation favorite (Royaumont) déposant alors tout insigne royal sur le seuil du cloître, il exigeait qu'on l'y traitat comme un simple moine, mangeant au réfectoire, dormant au dortoir, travaillant au jardin, suivant efin tous les exercices de la communauté". (19).
Puis il va, à nouveau, parcourir les principaux pèlerinages de la Vierge. En 1254, il vient au Puy apporter la statue miraculeuse de Notre Dame que le Sultan lui a donnée et que la tradition dit avoir été sculptée par le prophète Jérémie, lorsque poursuivi par la haine des siens, il se serait retiré en Egypte annonçant la destruction des idoles par un Dieu qui naîtrait d'une Vierge (20). Le 3 mai, la statue est portée processionellement pour remercier Marie du retour du Roi de la Terre Sainte. Louis exempte Notre-Dame du Puy du droit de régale, fait don au trésor de l'insigne basilique d'une sainte Epine et la Reine Marguerite qui l'accompagne, dépose aux pieds de la statue le diadème de perles qu'elle porte.
A Murat, il donne à N.-D. des Oliviers une autre statue rapportée de Palestine; fait en 1255 le pèlerinage de N.-D. de la Treille à Lille et vient la même année à N.-D. de Chartres pour recevoir le Roi Henri III d'Angleterre. Il y revient en 1260 pour le dédicace de la nouvelle cathédrale à Marie, et obtient du Pape Alexandre IV de précieuses indulgences pour les pèlerins qui visitent la basilique mariale (21). En 1262, étant à Clermont pour le mariage de son fils Philippe, avec Isabelle d'Aragon, il donne à Notre-Dame une somme égale à la dot qu'il constituait à chacune de ses filles, soit 12.000 livres. (22). Enfin en 1264 il accompagne à Notre-Dame de Boulogne le Légat Pontifical pour assister au Concile des Evêques d'Angleterre... Etc.
Il ne faudrait pas croire que la piété du Roi et son culte profond pour Marie, nuisissent à son gouvernement. Bien au contraire, jamais le Roi ne fut plus actif qu'après son retour d'Orient."Il y a un fait d'où sort un problème et une question: c'est le grand ascendant exercé par Louis IX après son retour de sa première croisade en 1254". Quoique vaincu et ayant subi un désastre, la France le vit agir comme nul conquérant n'avait osé, s'entourant d'hommes nouveau, organisant son royaume sur des bases nouvelles, et achevant par des dispositions législatives savamment combinées la soumission des remuants barons... en substituat à la justice seigneuriale le droit romain et la monarchie judiciaire à la monarchie tumultueuse et fragmentée des barons. On ne peut conteter que Saint Louis ait été un homme d'une grand activité non seulement guerrière, chevaleresque, mais politique, intellectuelle même; il pensait à beaucoup de choses, était fortement préoccupé de l'état de son pays, du sort des hommes; il avait besoin de régler, de réformer, s'inquiétant du mal partout où il l'apercevait et voulant partout porter remède...(23).
Le Roi ne voulait "vivre que pour travailler sérieusement aux améliorations et au bonheur de la France; il avait fait dresser des listes exactes de tous les laboureurs dans le besoin, des artisans sans ouvrage, des veuves et des orphelins sans secours, et des filles sages pauvres qui étaient à marier. Chaque jour sur l'épargne royale, accrue, non par des impôts qu'il abhorrait, mais par l'économie administrative, il mettait des sommes à part, tant pour donner aux uns les instruments aratoires et les animaux de labour, que pour assurer aux autres des dots et des aliments. Il fonda des hôpitaux pour les lépreux et pour les aveugles, et ouvrait des manufactures où il employait à une industrie nationale de laborieux ouvriers". (24).
Cette remarquable activité du saint Roi, toujours dirigée en vue du bien temporel de ses sujets avait pour but surpême leur fin dernière, le bien de leur âme et l'accomplissement de leur devoir envers Dieu. Dieu premier servi toujours! Il est un trait qui peint bien la pensée du grand Roi sur ce point; il n'aimait pas la poésie de son temps, trop licencieuse à son gré, et répugnait aux chansons mondaines pour la même raison, allant jsqu'à recommander "fort naïvement à l'un de ses écuyers qui les chantait d'apprendre plutôt l'Ave Maris Stella". (25).
C'est au prestige de la sainteté et à la popularité de sa piété que Saint Louis dut l'universelle influence qu'il exerça sur ses contemporains et put mener à bien les réformes fondamentales qu'il imposa. La rigidité de sa conscience et "la suavité de sa piété" donnent la clé de son règne et remarque très justement l'historien de la célèbre abbaye, "l'honneur de Royaumont, c'est d'avoir fourni à la poitrine de Saint Louis l'air respirable dont il avait besoin; c'est d'être l'explication suprême et finale de cette haute personalité". (26). Or, c'était Marie qui régnait à Royaumont.
Une telle vie - si intensément chrétienne et surnaturelle - devait finir dans une apothéose de martyre. En la fête de l'Annonciation, en 1267, il proclama devant le Parlement la nécessité de la huitième croisade. Il la prépara, comme la première, avec toute son âme et tous ses soins; avant de s'embarquer, il vint en pèlerinage à N.-D. de Vauvert, qui avait sauvé de la tempête la flotte de Jacques d'Aragon, peu auparavant, puis débarqua à Tunis. Là, il contracta la pest et en mourut. Pour couronner par son dernier soupir les hommages rendus à la Mère de Dieu chaque samedi, il avait désiré mourir ce jour-là, et cette grâce lui fut accordée par Marie qui, le samedi 25 août, le reçut et le couronna en paradis.

(1) Hamon, op. cit. I, 112
(2) Voir H. Wallon: "Saint Louis" les deux premiers chapitres: Mme de Witt "Les Chroniqueurs de l'Histoire de France" 2e série; Le recueil des Historiens des Gaules et de la France.
(3) Auguste Nicols: "Notre-Dame de Longpont", p. 30.
(4) Hamon, op. cit., I, 113
(5) René Brécy: Saint Louis à Palerme et à Royaumont. D'après le Confesseur de la Reine Marguerite (p 344 à 351) d'après Lenain de Tillemont (tome I, 493 et 495) et Essai de l'Histoire de l'Ordre de Citeaux Tome IX.
(6) Duclos: "Histoire de Royaumont", I, 186.
(7) Id., I, 191 et 192.
(8) Hamon: I, 370.
(9) Le trésor de l'Abbaye eut le coeur de Blanche de Castille, le silice de Saint Louis et quelques ossements du saint Roi.
"On aimait si tendrement Marie dans le diocèse de Meaux, à cette époque, que pour avoir le loisir de la prier davantage, on s'abstenait du travail l'après-midi du samedi aussi rigoureusement que le dimanche, et l'on venait dans cette moitié du jour, se serrer autour de son autel, comme des enfants autour de leur mère". (Hamon, I, 247).
(10) Guil. Guiart: la branche aux royaux lignages - Hist. de France: XXI, 185.
(11) Baudouin d'Avesnes, id. XXI, 164.
(12) Joinville, édition Ducange, p. 22.
(13) Bouillon chaud.
(14) Joinville, id.
(15) Historiens de France, XXI, 506. - Pendant que son Fils était en Orient, Blanche de Castille mourut le 26 novembre 1252. Elle se fit enterrer à Maubuisson (Hist. de France: XXI, 83. - Chronique anonyme). A son retour de la croisade, St-Louis vint fréquemment à Maubuisson, y fit d'importantes donations et en 1270 avant de partir pour sa 2e croisade se recommanda aux dames du Monastère. (Id. XXI, 506 - et Félibien: Preuves, III 604 - Pour les Lettres des St-Louis en 1270, voir: Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, Tome XVIII, 265) Blanche de Castille avait donné à Maubuisson une statue de Marie ouvrante, formant tryptique en bois sculpté, magnifique travail espagnol du XIIIe siècle. Cette statue est actuellement dans l'église de Saint-Ouen-l'Aumône. La Reine Marguerite dota la chapelle Saint-Michel.
(16) L. Lefèvre: Notre-Dame de Pontoise, tome II.
(17) Duclos: Histoire de Royaumont, I, 209.
(18) Cartulaire de Royaumont, II, 1189
(19) Duclos, op. cit. I, 213, et Villeneuve-Trans: Histoire de St-Louis, tome III.
(20) R. P. Aug. Lépicier: Rapport au Congrès marial servite de Portland - Messager de la Très Sainte Vierge, mai-juin 1936, p. 106: note.
(21) Dans la basilique mariale de Chartres "au portail septentrional s'épanouit la Rose de France. Saint-Louis, et Blanche de Castille en furent les donateurs, et leurs armes figurent dans les médaillons. Le sujet est: la Glorification de Notre-Dame, refuge des pécheurs", (Mgr. Harscouët, op. cit. p. 71).
(22) Hamon, II, 92.
(23) Duclos, I, 216, 217.
(24) Id. I, 206 et 207 - d'après Joinville, le confesseur de la Reine Marguerite, Tillemont (manuscrit 55 sur Saint-Louis)
(25) Wallon: Saint-Louis, p. 55.
(26) Duclos, I, 215. Ajoutons que Saint Louis aimait tellement Royaumont que pour donner un témoignage de tendresse à la Reine Marguerite, il lui assigna en douaire Asnières sur Oise avec son château, son parc et ses dépendances, parce qu'à Asnières, ils vivaient heureux et près de Royaumont.

jeudi, février 01, 2007

Acte d'Offrande au Coeur Sacré de Jésus-Christ du Bx Claude La Colombière, S.J.

Sacré Coeur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c'est la seule voie par où l'on peut entrer en vous. Enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel vous m'avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de vous plaire, et une grande impuissance d'en venir à bout sans une lumière et un secours très particuliers que je ne puis attendre que de vous. Faites en moi votre volonté, Seigneur; je m'y oppose, je le sens bien, mais je voudrais bien, ce me semble, ne pas m'y opposer. C'est à vous à tout faire, divin Coeur de Jésus-Christ; vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint; cela me paraît plus clair que le jour; mais ce sera pour vous une grande gloire et c'est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. Ainsi soit-il.

Cum approb. eccles., 1959 - Maison La Colombière, Paray-le-Monial

Le Magnificat de Monsieur Dupont - Oeuvre de la Sainte Face à Tours

Rendre grâces à Dieu est chose facile, quand on est heureux, mais le louer, le bénir au milieu des larmes et à l'heure des séparations douloureuses, cala n'est donné qu'à ceux qui vivent déjà dans les pures régions de la foi.
Oui, pour chanter le Magnificat de la douleur, il faut avoir entrevu cet océan de bonheur et de gloire, que Dieu prépare aux âmes pures et fidèles, qu'il enlève à nos foyers, pour les placer dans son ciel.
Comme il avait bien compris ces vérités, le chrétien admirable que tous nomment aujourd'hui le Saint homme de Tours!
Debout près du lit de mort de sa fille, le coeur brisé et plein de larmes, il eut la radieuse vision du doux mystère, qui se passait au seuil de l'Éternité!
Sa fille était en présence de Jésus! Les yeux de son enfant, qui venaient de se fermer à la lumière d'ici-bas, contemplaient la face du Dieu vivant! Celle qui tenait de lui une vie passagère, avait commencé de boire à sa source la véritable vie! et, en présence de cette enivrante réalité, le Chrétien aimant et fidèle, faisant taire une douleur bien légitime, s'écriait: "Mon âme glorifie le Seigneur! Elle ramasse toutes ses puissances pour exalter sa miséricorde et son amour; elle appelle un bien ce que la nature et le coeur appellent un mal!"
"Vous me l'aviez donnée, Seigneur, cette enfant, pour être la joie de mes yeux, le rayon de soleil de ma vie; vous me la reprenez aujourd'hui, par un dessein mysterérieux que j'adore sans le comprendre; encore une fois, soyez bénis, ô mon Dieu!"

O vous, qui avez au coeur de ces blessures cruelles, faites par la mort de ceux que vous aimiez, ne pleurez pas ces chers absents. Ils voient Dieu! ils contemplent sans voiles son inénarrable beauté! ils jouissent de sa paix dans la terre des vivants! Une muraille les séparait de Dieu, et voici que la muraille est tombée! Naguère, ils partageaient nos angoisses; ils vivaient dans le travail et les larmes, et voici qu'ils sont souverainement heureux, et pour jamais!
Ah! montons plus haut que la terre, mettons généreusement le pied sur cette échelle mystérieuse de la foi et de l'espéance, qui conduit au royaume de l'amour; alors, nous aurons le saint courage de chanter ce cantique nouveau d'un coeur brisé, mais docile et aimant, de raconter la bonté de Dieu, même au milieu de nos larmes, de le louer dans nos ténèbres, comme ceux qui nous ont quittés, le louent dans le sein da la lumière et de la gloire. Un jour, nous saurons pourquoi il nous a fallu porter tant de deuils et verser tant de pleurs; aujourd'hui, il doit nous suffire de croire et d'avoir confiance!